Sillycate, stupide chat.

Bonjour à tous.

Alors voilà, si je me présente devant vous c’est grâce à (ou à cause de) mon parrain. Il pensait qu’il était temps pour moi de vous rencontrer et de pouvoir dialoguer avec d’autres personnes qui souffraient comme moi. Je sais que je ne suis pas censée dire «souffrir» parce que nous sommes là pour aller mieux mais c’est comme cela que je l’ai vécu pendant des années. Bon je ne vais pas vous plombez le moral plus longtemps (ou peut-être que si).

Ça va faire maintenant plus d’une dizaine d’années que je suis addict. Au début, c’était trois fois rien juste quelques jeux de cartes, de sociétés en famille, entre amis. Rien de bien méchant vous voyez ? Et après, j’ai entendu parler de série audio d’heroic fantasy. Je ne préfère pas nommer les noms, je suppose que certains d’entre vous sont encore sensibles.

Pour être honnête, je pensais contrôler la situation. Comme nous tous, non ?

Je n’avais pas conscience de l’erreur de jugement que je faisais alors j’ai continuer à sombrer. J’ai rejoins un groupe d’infréquentables et la famille et les amis ont progressivement disparu.. Nous avons vécues des heures sombres au prisme de notre addiction. Le bruit des dés sur la table en verre, le son des cartes que l’on mélange, le mouvement du crayon à papier sur la table des scores, toutes ces sensations qui hantaient mon esprit.

Mais voyez vous, ce n’était jamais assez ! Il m’en fallait plus ! Toujours plus.

Alors j’ai commencé à chercher de quoi égaler ces sensations mais depuis chez moi. J’ai alors découvert l’univers magique, féerique et chronophage des MMORPG. Comment lutter me direz vous ? Et bin je n’ai même pas essayer. Je me suis laissée hâper, aspirer, brainwasher par l’infinité des possibilités qui étaient mises à ma disposition. J’ai découvert le manque de sommeil, l’existence des canaux carpiens, et pixels qui m’ont apportés tant de réconfort, de béatitude.

Mais comme toute addiction, il y a un point de non retour à ne pas franchir au risque de se retrouver perdu et délaissé. Ce point, je ne l’ai pas franchis avec League of Legends, ni avec World of Warcraft. Qui aurait parié sur Dofus ? Personne ! Et bien si. Ce jeu a causé ma perte. Après des années de dérive, on m’a tendu la main pour me secourir. On m’a sorti de cette vie que je ne savais gérer.

J’ai été sobre pendant près de quatre ans. *On entends des applaudissements dans la salle et des chuchotements d’admiration*

Je me pensais invicible ! J’avais retrouvé une vie sociale, j’avais vaincu ma dépendance. Mais c’était sans compter sur le groupe d’infréquentables dont je vous parlais plus tôt. Ils m’ont retrouvé récemment. Je pensais être forte. Je pensais pouvoir combattre mes pulsions. Je pensais que j’étais soigné.

J’ai eu tord. En Janvier ce n’était plus Dofus, ni LoL, ni WoW, ni autre. C’était Hordes. Hordes qui m'a volé mon temps. Ou devrais-je dire à qui s'accorde volontairement et généreusement mon temps !

Ce jeu, sortit de nulle part, m’a bouleversé. Il a détruit toutes mes défenses et c’était comme retrouver un ami perdu de vue depuis longtemps, trop longtemps. J’ai replongé avec plus d’entrain que je ne le pensais.

Vous voyez, j’ai du me faire souffrance pour pouvoir mettre un pause dans l’espoir de réussir mes études. Malgré tout, j’ai amassé 254 points d’âme. Je sais bien que c’est peu, mais c’est l’aube d’un nouveau jour pour moi.

Un jour qui annonce de belles morts, de bonnes souffrances. Comme vous vous en doutez, je n’ai jamais encore partagé mes blessures de guerre, mes morsures avec qui que ce soit. J’aimerais que cela change. J’aimerais apprendre à vos côtés.

Bien sur, je ne souhaite pas être un boulet, ni un poids pour vous. Je me renseigne de mon mieux de mon côté. Je sais par exemple qu’il vaut mieux éviter d'oublier de fermer la porte le soir avant de dormir.

Alors voilà, je ne fais pas partie de la catégorie des héroïnes même si les jeux le sont pour moi et j’aimerais trouver chez vous des gens avec qui partager des moments de plénitude dans ce monde de brute zombies.

Quelle cruche ! J’ai oublié de me présenter avant de raconter ma vie. Alors, je m’appelle SillyCate, j’ai 21 ans et je suis addict depuis 11.

*En coeur la salle salue SillyCate qui va s’asseoir calmement.*